Lundi, je visitais le musée d’histoire des sciences. Un endroit magnifique situé dans un immense parc au bord du lac Léman. J’avais repéré l’endroit il y a un moment déjà et j’avais dans la tête d’y réaliser une série.
Voilà une nouvelle exploration urbaine, muséologique étonnante. Je l’ai déjà raconté, mais quand je photographie un musée, je recherche surtout à rendre le lieu tel qu’il est offert aux visiteurs. J’efface, je corrige tout ce qui n’a pas de lien direct avec l’endroit et qui pourrait détourner l’oeil du but que je me suis fixé. Je le fais de manière obsessionnelle, pratiquement compulsive, c’est mon truc à moi.
Au cours de ces visites, il arrive fréquemment que je croise des vitrines, des miroirs et qui dit reflet, dit mon reflet. Fréquemment je me vois dans mes propres clichés. De créateur je passe alors à fantômes, ces mêmes silhouettes que j’efface consciencieusement sans laisser de traces.
Or, au musée d’histoire des sciences, je me suis retrouvé confronté à un dilemme. Différents miroirs déformants avaient été disposés dans les salles de l’exposition permanente, en plein centre. Impossible sans changer de point de vue de ne pas être sur mes photos. Ce n’était pas un problème en soi avant que je m’interroge sur la question. Le musée présente des sciences. De la météorologie en passant par les premiers pas en électricité, une partie présente les sciences de l’optique, télescopes, microscopes, lentilles et autres miroirs font partie de la collection d’objets scientifiques exposés. Les miroirs déformants avaient toute légitimité à s’y trouver, le miroir en tout cas, plus que moi, simple visiteur me dis-je.
La solution habituelle aurait consisté à m’effacer, c’est simple et je le fais tout le temps pour d’autres. Pourtant sur cette série, j’ai pris le parti de rester visible. Étonnant non ?
Mon objectif est de montrer les choses telles qu’elles sont, froidement et de manière pratiquement « scientifique ». Ce musée poursuit le même but, dès lors, est-ce normal que j’adapte la réalité muséologique du lieu ? (Voyez cette interrogation comme une question philosophique, le spectateur est aussi acteur de la scène qu’il produit) La question peut sembler étrange, mais elle m’a chiffonné un long moment. J’oscillais entre l’envie de ne pas apparaitre sur mes clichés et le sentiment d’amputer le musée de quelques choses (en l’occurrence moi, mdr).
Bref, vous l’aurez compris, voilà la première série dans laquelle j’apparais, et certainement la dernière, car je ne ferais pas de cette exception, la règle 🙂