Limiter la photo noir et blanc à une simple « désaturation », c’est se couper volontairement d’une très vaste palette de techniques permettant d’obtenir des résultats fort intéressants.

Château de Balaine – Villeneuve-sur-Allier – France – Mai 2012image

Une image colorée, dans le monde du numérique, est composé de trois informations, rouge, vert, bleu. Chaque valeur de pixel d’une image est codée avec ces 3 couleurs, la combinaison de ces 3 teintes (dites « primaire ») permet l’affichage de l’ensemble des teintes du spectre visible. Ainsi, une combinaison de rouge et vert donnera du jaune, du rouge et du bleu, du violet et si les 3 valeurs RVB sont à leur maximum, du blanc. Ce système est dit « additif », car chaque composante vient s’ajouter aux autres. Voilà pour la théorie.

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Pour transformer un pixel couleur en teinte de gris, on effectue un calcul. Ce calcul se basera par exemple sur une part égale de rouge, de vert et de bleu ( V= 33% de rouge + 33% de vert + 33% de bleu). Les composantes seront remplacées par la nouvelle valeur résultante.

La plupart des logiciels de traitement d’image dispose d’une fonction « convertir en noir et blanc » ou « désaturer ». L’algorithme (la formule) est propre à un logiciel. Si on souhaite prendre en compte la « perception humaine » des couleurs, il est communément admis qu’on utilisera une proportion de 21% de rouge, 71% vert et 7% de bleu. Ce calcul mettra plus en avant les teintes « chaudes » que les tons bleus.

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Là où ça devient intéressant, c’est quand un logiciel vous laisse choisir cette proportion. C’est le cas de Corel PaintShop Pro X5 (Menu Effets -> Effets Photos -> Film noir et blanc…). L’utilisateur peut alors choisir la teinte de base qui servira de modèle à la conversion. En se faisant, il peut, faire ressortir un élément ou le faire disparaitre à sa convenance.

Une photo noir et blanc contient trois fois moins d’information qu’une photo couleur. Une photo noir et blanc est donc, une construction malicieuse réalisée par le photographe afin de nous amener à apprécier un détail qu’il aura délibérément choisit de mettre en avant.

Prenons l’exemple de notre château.

imageVert 100%

imageRouge 33%, Vert 33%, Bleu 33%

imageBleu 100%

J’ai dans l’image de gauche choisi d’impliquer au maximum la couleur verte dans le calcul, ce qui a pour effet de rendre visible (et donc de densifier le visuel) au niveau de la végétation. Dans l’image de droite, j’ai au contraire privilégié la teinte bleue, la végétation n’en contenant pas, elle passe de fait, dans la pénombre, concentrant l’oeil de l’observateur sur la bâtisse.

Musée Branly – Paris – Novembre 2013image

 

imageRouge 100% imageBleu 100%

En général, je ne me limite pas qu’à la conversion. Afin d’appuyer les ombres et lumières, je règle aussi la luminosité et le contraste de l’image finale. On peut aussi finaliser avec l’outil Lumière de remplissage et clarté de certains logiciels. Il m’arrive parfois d’ajouter artificiellement un vignettage, souvent dans l’idée de guider l’oeil vers le sujet à regarder.

Toutes les photos ne se prêtent pas au noir et blanc. D’autres, ne prennent leurs envoles qu’une fois converti subtilement. À la charge du photographe d’expérimenter et de trouver la bonne combinaison qui saura révéler le sujet. L’un de mes amis pratique le « noir et blanc sélectif », technique intéressante qui consiste à ne passer en niveau de gris qu’une partie d’une photo (le fond par exemple) et conserver la couleur de certains éléments. Le résultat peut être remarquable.