L’une des criques qu’on formule le plus souvent au sujet de mes images concerne le ciel. J’ai plus ou moins tout entendu et si je devais synthétiser ces critiques autour d’une phrase ce serait: « Je n’aime pas tes ciels, ils sont trop lourds« .

Quand je photographie des intérieurs, la lumière, les ombres et les textures sont modérées et maitrisées. Il est très rare d’avoir 100’000 lux en plein salon ou d’avoir une fine pluie qui vient nous ruisseler sur la tête jusqu’à former une pellicule sur l’objectif de l’appareil photo (sauf si on habite une ruine). En extérieur, c’est très différent.

Dehors (j’entends par cette dénomination, un lieu dépourvu de plafond et dont le sol est constitué d’une matière généralement rugueuse et dure ou molle et organique): le monde et ses extrêmes. Là tout est permis, on ne maitrise que deux éléments, la temporalité du moment présent et notre position spatiale. Pour le reste, admettons, la chance (ou plutôt le hasard) fera forcement mieux les choses que vous et plus intensément.

Je vois deux manières différentes de faire de la photo, je pratique ces deux voies au cas par cas. Soit on maitrise tous les facteurs, soit on compose avec ce qu’on nous donne. Dans les deux cas, la recherche d’une « certaine » perfection/idéal, mais dans le premier cas, on cherche à la créer alors que dans le second, on cherche à la capturer. La différence est de taille.

En extérieur, j’ai commencé la photo au petit bonheur la chance. Arriver au hasard, photographier au hasard et espérer (beaucoup espérer, espoir, cierge tout ça quoi ^^). L’espérance c’est bien joli, mais ça ne fait pas rouiller les projets. Après moult espoirs déçus, déconvenues visuelles, j’ai décidé de m’intéresser d’un peu plus près à ce fameux hasard qui faisait de si jolis clichés.

Le temps (j’adore ce mot, en français qui signifie aussi bien la position temporelle que l’état météorologique, étonnant non ?), qu’il fait. Le mythe du grand ciel bleu, cette étendue intersidérale ennuyeuse qu’on ne peut pas regarder sans s’y perdre, aucun point de repère, aucune balise pour essayer de s’accrocher. Autant le ciel peut être bleu profond, bleu-turquoise, gris, bleu-gris, ça reste une grande étendue de vide, de néant sans aucun intérêt. Je déteste le ciel bleu autant que les gens sans personnalité. Un ciel, un bon ciel, ce sont des nuages, des voiles, des lignes, de la texture quoi! Mais qui dit nuage, dit pluie. Voilà ma seconde découverte, râler sur la pluie ne sert à rien, il faut sortir faire des photos, c’est plus constructif.

Un nuage c’est magique, il en existe de toutes les formes, de toutes les tailles, et peut aussi bien nous inspirer une ambiance bucolique de fraicheur de printemps qu’une brise lourde et pesante d’orage d’automne. Le ciel c’est la mélodie d’une image, c’est lui qui donnera la fréquence principale d’une image.

Oui, mes ciels sont lourds, non seulement je l’affirme, mais j’en suis fière. Je les cherche, je les crée complètement, je les fais exister. J’ai mis longtemps à comprendre ça, mais le ciel est un acteur aussi important (voir le sujet principal) que pourrait l’être une personne. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de caractère pour un ciel, il peut être rageux ou doux, joyeux ou triste. Le ciel est un personnage d’une photo.

Avec l’expérience, j’ai fini par intégrer complètement le ciel dans la construction de mes images. J’ai expérimenté des moments, le matin quand la couverture nuageuse se dégage ou le soir quand celle-ci se reconstitue avant le couché du soleil (si si, je vous assure, il y a des moments clés le matin et le soir ^^) j’ai essayé la photo en plein cagnard, soleil au zénith, ou perdu dans une couche épaisse de stratus gris. J’ai essayé de photographier pendant les orages (parapluie, Benjamin Franklin, idée idiote :P) ou sous la pluie. Ce qui compte, n’est pas ce qui nous tombes sur la tête, mais ce qu’on regarde, et ça, on l’oublie trop souvent en photo.

J’aime que le ciel soit présent et texturé (mais pas trop) et varié, j’adore quand les nuages aident à organiser notre perception d’un cliché, qu’ils orientent notre regard pour amener les spectateurs à regarder l’objet que j’ai choisi. (ça c’est mon idéal, croyez-moi que je rame pour y arriver) quitte à tricher et redessiner les nuages et les lumières pour recréer les paragraphes visuels qui racontent l’histoire.

En octobre 2013 j’ai visité le musée Ariana à Genève. J’en ai extrait un « superbe » cliché bien ennuyeux du musée et d’un grand ciel bleu inintéressant. La bâtisse est magnifique et j’avais envie depuis longtemps de réaliser le même cliché, mais avec un vrai ciel, c’est chose faite dernièrement.

Je vous propose trois clichés pour étayer mes propos: trois ciels différents, mais pris du même point de vue (mais pas au même moment). J’espère qu’ils démontrent la différence de langage que peut apporter un ciel plus ou moins bien composé et la personnalité que celui-ci peut conférer au final.

Alors, quelle photo préférée vous (je ne me vexerais pas ^^) ?

 

Octobre 2013 – Après-midi

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27 mars 2015 – Après-midi

Bâtiment extérieur 1_DxO 

 

4 avrîl 2015 – Matin

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