Une envie soudaine mercredi dernier de voir du pays. Coup de tête en plein mois d’août, je me décidais à réserver une chambre au Riffelhaus Hotel 1853, un établissement rénové en 2014, qui bénéficie d’une situation en altitude (2500m) et d’un panorama direct sur le Matterhorn petit nom suisse allemand du mont Cervin.

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Les expéditions photo commencent souvent par une lubie. Une idée fixe cristallisée dans l’esprit par des années d’imageries patriotiques administrées au compte goute par des affiches publicitaires, des logos sur du Toblerone, des clichés et des cartes postales. L’impression que l’ont a toujours connut le Matterhorn même sans l’avoir vu en vrai. C’est fou comme une image peut-être enracinée profondément dans l’esprit, et ce, de manière parfaitement inconsciente.

Bref, j’avais envie depuis longtemps d’aller photographier le Cervin, recréer cette vue idéale qu’on a tous en tête d’un petit lac reflétant le triangle de roche alpine, la réalité serait-elle à la hauteur de mes attentes ?

Appareil photo foutu

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Jeudi 11 aout 2016, midi, la chambre était réservée, le soir le billet de train Genève-Riffelberg acheté et je préparais mes bagages comme j’en ai l’habitude. Habits pour le froid, ordinateur portable, chargeurs pour petites électroniques et kits matériels dans la valise (j’ai pratiquement toujours une valise de faite au cas où ^^). Plus qu’à vérifier l’appareil photo. Sueur froide, l’expression exacte qui décrit ce que j’ai ressenti en découvrant l’écran de mon vieux Nikon traversé par une fissure de part en part. Bizarrement c’est toujours à 22h00 que je découvre ce genre de problème, plus encore quand je prends le train le lendemain très tôt. Une fissure, me direz-vous? Ce n’est pas si grave si l’image est visible, je vise avec le viseur optique après tout et l’écran ne me sert qu’à valider les clichés et effectuer les réglages. Je remets la batterie dans l’appareil, sans optique, je l’allume. Deuxième sueur froide, l’écran totalement en miette, aucune image rien, la situation devenait quelque peu délicate.

Cet appareil je l’ai depuis 2012, il me semble. La mécanique sifflait, j’avais déjà essuyé une panne du sélecteur de mode qui lui avait value une complète révision chez Nikon. C’est vrai qu’il était fatigué, un demi-million d’images que j’avais prises avec lui, et certainement mes meilleurs clichés. Il était peut-être temps de changer. Vendredi matin, branle-bas de combat, courir acheter un nouveau Nikon d3300 (pour remplacer le d3200). À peine déballé, je l’ai mis dans mon sac et me suis rendu à la gare de Cornavin pour prendre mon train (avec 2 heures de retard sur mon planning initial).

Voyager avec un nouvel appareil photo c’est comme voyager avec un inconnu, on ne sait pas trop quoi lui raconter, alors on lui parle du paysage et on lui montre les nuages.

Que peut-on imaginer de plus beau à photographier pour baptiser un appareil que le Matterhorn à Zermatt ? Je suis arrivé à l’hôtel vers 15h00. je profitais de la fin de journée pour faire des tests et corriger mes programmes qui n’était pas complètement compatibles avec ce nouveau modèle. Une journée dont on ne voit pas le temps s’écouler et dont on se souvient longtemps.

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Mais revenons à notre mont Cervin. J’avais peu préparé ce voyage. Une photo trouvée sur Internet avec le caillou et le lac, je me suis présenté à la réception de l’hôtel et j’ai simplement demandé de me situer l’endroit d’où avait été prise cette image. Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que je me trouvais à une heure de marche de ce que j’apprenais être Riffelsee!

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Le hasard toujours, mais la chance surtout revenait. Enfin c’est donc tôt, samedi matin et après avoir petit déjeuner, que j’entrepris la route pour Riffelsee à travers les montagnes. Tel Horace-Bénédict de Saussure, le naturaliste genevois, qui partit en 1787 à la découverte de la sauvage et hostile montagne (OK, il y a des sentiers balisés avec des panneaux partout aujourd’hui 😛 ) je suivais les indications de mon iPhone jusqu’à atteindre l’endroit tant désiré. C’est étrange de se retrouver seul dans le massif des Alpes, pas âme qui vivent, un silence perturbant (pas même un grillon) et des perspectives vertigineuses à chaque tournant. J’ai remis ma polaire en plein été, mes chaussures de randonnées et ma canne de marche (un genre de bâton de ski rétractable). La randonnée fut finalement assez facile et courte jusqu’aux deux lacs.

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L’endroit est irréaliste. Le moment l’est plus encore. Cet instant où vous contournez le bassin d’eau et voyez le Matterhorn s’aligner précisément avec son reflet devant vous, c’est incroyable. Bien sûr, je savais que la photo serait difficile, un grand ciel bleu et des contrastes brûlants composaient les conditions météorologiques du jour. Mais en toute sincérité, ça n’importait peu, je n’aurais pu ne prendre aucune photo, ces moments uniques ont à mes yeux plus de valeur que le résultat dans un processus de recherche esthétique.

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J’ai quand même réalisé des clichés que j’assemblerais ces prochains mois. J’ai, après avoir bien profité du panorama, fait route pour Rotenboden ou se trouve la gare du train à crémaillère qui m’a transporté jusqu’à mon hôtel.

Un peu plus tard dans la mâtiné je me suis rendu au sommet du Gornergrat, une grande montagne culminant à 3100m et après une assiette chargée de Röstis dégustés dans le restaurant de l’hôtel qui s’y trouve (bonne chance dormir à cette altitude, le plus haut établissement hôtelier d’Europe), j’ai pris la décision d’éliminer tout ça en descendant à pieds. Le sentier est très apprécié en cette saison, on y croise un touriste tout les 10 mètres, certains en tongs ou baskets à semelle plate et munie d’élégants parapluies en guise d’ombrelle. La vue est magnifique et gare à ceux qui ont le vertige, car la chute peut être brutale et mortelle.

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À mi-parcours, j’ai été interpellé par deux dames en habits de ville qui recherchaient la gare la plus proche. C’est toujours très perturbant en pleine haute montagne et au bord d’une falaise de croiser des individus à ce point déconnectés des réalités.  Je me demande encore ce soir ce qui peut pousser les gens à randonnée avec aussi peu de sérieux.

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À mon arrivée Rotenboden, je croisais pour la seconde fois le chef de gare surpris de me voir arriver à nouveau (je l’avais rencontré le matin). Je lui ai expliqué que l’ordre des événements avait peu d’importance, car finalement c’était les rencontres qui comptaient.

Samedi soir, peu avant le repas, je me suis positionné un peu plus haut de l’hôtel à côté d’une chapelle et j’ai regardé le soleil se coucher. Un moment court, mais qui imprègne durablement la mémoire. J’espère pouvoir en faire une jolie image à l’assemblage et en retouche, on verra bien. 🙂

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Voilà. Je rédige ce texte depuis le train du retour, en direction de Genève. Un week-end à la fois long et riche en événements et aussi court en temps humain. L’effet d’un bonbon à la menthe, c’est excellent, rafraichissant, et désaltère l’esprit efficacement.

(Les images illustrant ce billet ont été prises avec mon iPhone)

Références

L’hotel Riffelhaut 1853 à Riffelberg : http://riffelhaus.ch/?lang=fr

Riffelsee : https://www.google.ch/maps/place/Riffelsee/@45.9833247,7.7598644,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x478f357f775bfeb9:0x978f19ea07f178a8!8m2!3d45.983269!4d7.7620615

Le Gornergrat : http://www.zermatt.ch/fr/Media/Attractions/Gornergrat